<strong>« NOUS DEVONS JOUER AVEC NOS QUALITES ET NON CELLES DES ADVERSAIRES »</strong>

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« NOUS DEVONS JOUER AVEC NOS QUALITES ET NON CELLES DES ADVERSAIRES »

Dans un entretien exclusif accordé à la Rédaction de Sportenun.info, le technicien camerounais et ancien Lion Indomptable, Thomas Libiih fait sa lecture de la préparation de la sélection nationale de football du Cameroun au mondial. Il parle également des chances des Lions Indomptables à cette phase finale.    

Quelle analyse faites-vous de la liste des 26 joueurs du Cameroun retenus pour la Coupe du monde ?

Dans la liste rendue publique par le manager sélectionneur il y a quelques joueurs, qui sont à leurs quatrièmes matchs aujourd’hui (Samedi, Ndlr). Nous constatons que tous les automatismes ne sont pas encore réunis. Je pense que les dans cette liste des 26, beaucoup de joueurs ne méritaient pas d’être là. Mais, Rigo (Rigobert Song, Ndlr) est face à une lourde responsabilité et il le sait très bien. En plus, quand vous vous trouvez dans cette position là, ce n’est plus de la blague. C’est quand même prendre des joueurs qu’il faut et c’est toujours à ce niveau que j’ai un problème parce que quelques fois pour les sélectionneurs, le choix des hommes est souvent très difficile. Le manager sélectionneur est face à ses responsabilités et donc, en principe il devrait les prendre pour pouvoir avancer dans ce qu’il a choisi de faire. La Coupe du monde a démarré. Le Cameroun entre en scène le 24 novembre 2022 donc, ce ne sera pas évident. Je pense qu’il sait de quoi il est question. Ce n’est pas la Coupe d’Afrique. Tous les pays sont prêts. Donc, il faudra faire très attention. Ce d’autant plus que nous connaissons la poule dans laquelle nous nous trouvons. En clair, Je pense qu’il y avait mieux à faire sur le choix des joueurs devant représentés les couleurs du pays à ce rendez-vous mondial.

Quelle appréciation faites-vous de la préparation des Lions Indomptables pour cette compétition ?

Au niveau de la préparation, je pense que les Lions n’ont pas eu une préparation digne de ce nom. Certes, il y a eu des matchs amicaux mais, l’équipe manquait de beaucoup de choses notamment au niveau de la cohésion de jeu. Maintenant, je pense que cela peut se corriger d’une certaine manière mais cela dépendra dans un premier temps de l’état d’esprit du groupe et surtout de l’ambiance dans les vestiaires. De cela justement, je ne suis pas sûr à 100% car je pense qu’il y a un malaise au sein de la tanière. Qu’on le veut ou pas même si l’hypocrisie  s’installe, cela ne va pas changer au niveau des acteurs. Je pense qu’il va falloir faire un peu attention parce qu’au niveau de l’animation du jeu, il manque un peu de vitesse, de percussion, d’envie et du Fighting Spirit surtout que nous sortons un peu de nos habitudes pour vouloir faire comme les autres. Je crois que nous devons rester nous-même et pouvoir penser que demain sera meilleur. Dans notre équipe, il y a peut-être dix attaquants. C’est bien ! Cependant, il va falloir faire attention parce qu’on a très peu de défenseur et que si ces défenseurs arrivaient à prendre des cartons ou à se blesser, nous aurons un très gros souci. Le problème à résoudre avant le début du mondial est cette défense-là sachant bien que si au fil du temps on ne prend pas de but, on est au moins sûr qu’on peut gagner le match par l’usure.

Thomas Libiih au cours de la Coupe du monde cadette Garçons.

Quelle observation faites-vous de la poule du Cameroun avec comme adversaire la Suisse, la Serbie et le Brésil ?

Dans cette poule, il va falloir prendre match après match. Donc, gérer la Suisse lors du premier match, la Serbie lors du deuxième et le Brésil au cours du troisième match. Selon moi, l’équipe la plus redoutable de notre poule est la Serbie. La Suisse et le Brésil sont aussi deux grandes nations de football. La clé de notre performance résidera dans le management des hommes que nous avons. C’est très important en fonction des matchs que nous aurons. Nous devons jouer avec nos qualités et non celles des adversaires. Au niveau du choix des hommes, nous devons mettre les hommes qu’il faut à l’endroit qu’il faut. C’est très important parce que ce n’est pas trop évident. Essayons d’aborder au mieux le premier match contre la Suisse. En fonction du résultat, on pourra entrevoir la suite. Si on arrive à bien gérer le premier match, entré bien dans la compétition avec une victoire ou un match nul, en ce moment-là, je pense que les données pourront tout de suite changer. Du coup, nous serons tous en confiance pour la suite de la compétition. Mais, si nous perdons le premier match, cela risque de mettre un peu de pression négative dans le groupe. On risque ne plus pouvoir se regarder dans les yeux. Ca va faire problème et ce sera la catastrophe. Donc, le mieux est d’éviter ce scénario. Le plus important sera de rester concentré quoiqu’il arrive.

Quelles sont les chances de qualification de notre équipe pour le prochain tour à l’issue de la phase de poule ?

Nous avons toutes nos chances de qualification. En matière de football, tout se joue sur le terrain. Nous avons notre destin entre nos mains. C’est à nous de savoir comment gérer cette compétition. Le gros problème que les équipes africaines ont justement beaucoup de difficulté dans la gestion des matchs. Car, plus le temps passe dans un match, la lucidité baisse. Donc, au niveau des remplacements sur le choix des hommes, il faudra faire très attention. Si ce travail est minutieusement fait, on pourra terminer cette phase de poule avec au moins trois ou quatre points en espérant que cela nous donnera la chance d’être qualifié pour le prochain tour. Les dernières séances d’entraînement du groupe seront donc déterminantes. On a encore quelques jours devant nous. Le reste se fera d’une certaine façon.

Thomas Libiih lors du mondial Italie 1990. (archives Alamy.com)

Vous avez fait partir de l’expédition exceptionnelle du Cameroun en Italie en 1990. 32 ans après, pensez-vous que notre sélection nationale peut rééditer l’exploit voire faire mieux ?

C’est possible pour les jeunes de continuer à écrire la légende. Nous avons eu la chance de faire partir de l’expédition de l’Italie et au cours de cette compétition, nous avons eu beaucoup de chance. Mais, tout avait été fait sur le terrain. Cela veut dire que nous étions fins prêts au niveau du travail. Au niveau des vestiaires, on était soudé. Il y avait du respect. On savait bien qui était qui et qui faisait quoi. On regardait tous vers la même direction. Donc, on avait des problèmes mais qui avaient été élagués de suite. Les problèmes n’étaient pas aussi visibles que ceux rencontrés par ces jeunes à savoir : le leadership et l’auto glorification. On chantait à l’unisson l’hymne nationale. On savait bien ce qui nous attendait. On savait bien qu’on avait laissé un Cameroun qui à cette période-là n’était pas très unis. Donc, on savait que si on arrivait à faire une belle compétition, le reste allait être un peu facile. Donc, à mon humble avis, je pense qu’on a su faire les choses. Le seul conseil que je peux donner au staff technique c’est de faire son boulot sans toutefois qu’il ait des ingérences parce que dès que vous n’êtes plus vous-même, le bateau peut prendre une autre direction. Nos joueurs doivent rester sereins. On a une belle petite équipe. Il faudra juste avoir un bon état d’esprit pour réaliser un exploit. 

Propos recueillis par Junior NTEPPE KASSI

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