Dans un entretien exclusif, l’Ailier du Castres Olympique parle de sa saison en club. Il apporte des précisions sur ses rapports avec le Cameroun, son pays natal et donne son point de vue sur les questions de racisme qui gangrènent le milieu du Sport dans le monde.
Christian Ambadiang, votre histoire est très émouvante. Etes-vous engagé vers la marche glorieuse à Castres ?
Bien sûr ! Je suis très engagé avec le Castres Olympique parce que ce sont eux qui m’ont donné cette chance de pouvoir jouer au plus haut niveau et c’est un grand club du Top 14 en France. Je ne peux que me donner à fond pour le club et pour la ville.
8ème journée à jouer ce weekend, Vannes vs Castres au Top 14, Christian Ambadiang fera-t-il encore « La Christian Ambadiang » ?
Malheureusement, je ne peux être dans le groupe cette semaine contre Vannes à cause de certains problèmes familiaux. Je dois me concentrer sur certains de ces problèmes. Mais, durant le prochain match contre Montpellier, j’espère être dans le groupe et j’espère jouer ce match. Après, il faut toujours s’entrainer dur et montrer la volonté de vouloir être dans le groupe à l’occasion de cette rencontre.
Où vous voyez vous avec Castres cette fin de saison de Top 14 ? Quid des perspectives en Champion’s Cup ?
Pour l’instant, je me fixe plus sur les objectifs du club. Et, les objectifs du club sont de faire les phases finales du Top 14 et de remporter un titre cette année si Dieu le permet. Ce serait très bien. En Champion’s Cup, pour nous, ce serait important de saisir cette opportunité de montrer ce qu’on peut faire sur la scène internationale en affrontant les plus grandes équipes d’Europe et d’Afrique du Sud. Evidemment, ce sera difficile. Mais, nous sommes une équipe qui aime conquérir. Donc, on donnera tout le moment venu.
Au Cameroun que vous avez quitté à l’âge de 9 ans, pensez-vous un jour y développer le rugby ?
Depuis que j’ai quitté le Cameroun, je ne savais pas qu’il y avait le Rugby dans mon pays. C’est cette année que j’ai appris qu’il y avait du Rugby là-bas. Après, il y a plusieurs joueurs Camerounais qui jouent en France où dans d’autres pays d’Europe où ils pratiquent le Rugby. Pour moi, ce serait bien de voir le Rugby développer au Cameroun parce que depuis quelques mois, des gens s’intéressent à ce qu’est ce sport. Il est clair que ce n’est pas simple de mettre un projet sur pieds. Car, il faut des infrastructures et du matériel. Toutefois, je pense qu’avec des aides, le Rugby Camerounais pourra se développer dans notre pays. Des jeunes qui nous voient à la télé et qui ont le rêve de pratiquer le Rugby au plus haut niveau pourront sortir du pays et développer leur talent dans d’autres pays. Et, avoir une expérience en dehors du Cameroun.
Peut-on espérer vous recevoir au Cameroun très prochainement ?
Bien sûr ! Retourner au Cameroun, j’ai la possibilité de le faire maintenant. J’y étais au mois de juin dernier après de nombreuses années sans y retourner. Cela m’a fait beaucoup de bien. C’est mon pays. Je suis né au Cameroun et je suis 100% Camerounais. Donc, c’est toujours bien de rentrer chez soi et voir la famille. J’y retournerai toujours de temps en temps pour passer des vacances avec ma famille.
Des envies de sélection nationale du Cameroun un jour peut-être ?
Pour le moment, ce n’est pas une priorité. Je me suis fixé des objectifs professionnels de me concentrer sur mes performances et sur le présent surtout. Je suis dans un grand club qui exige beaucoup de ses joueurs. En plus de cela, je dois encore beaucoup progresser et améliorer mon Rugby. Il y a pleins de choses sur lesquelles je dois encore travailler. Donc, il faudrait du temps pour que je puisse être au niveau où je souhaite. Donc, pour l’instant, je ne pense pas beaucoup à la sélection nationale.
Vous avez été moulés au cœur du Rugby africain en Afrique du Sud. Partir de ce pays pour rejoindre la France en 2021, c’est lever de nombreuses barrières. Racontez-nous cette transition…
La Transition entre le Rugby des années passées en Afrique du Sud et maintenant ici en France a été difficile au point où il y a eu beaucoup de sacrifices, beaucoup d’apprentissage. Je ne peux que me rappeler des bonnes choses. Puisque j’ai appris les valeurs du travail et les valeurs travail/récompense. Je continue à avoir ces valeurs. Donc, pour moi, rien n’a été offert sur un plateau. J’ai toujours eu cet esprit de vouloir travailler et gagner ma place. Arrivé où je suis là maintenant n’a pas été facile. J’ai eu beaucoup de soutien familial surtout et de mes amis. C’est cela qui m’a aidé. Vu que quand j’étais loin de tout le monde, j’ai décidé de faire ce grand pas. Maintenant, je suis là où je suis. J’ai toujours la tête sur les épaules. Et je continue toujours à bosser.
Vos meilleurs moments en Afrique du Sud, quels sont-ils ?
Mes meilleurs moments en Afrique du Sud en dehors du Rugby auront toujours été de rester en famille avec mon père, mes petits frères et ma belle-mère. Cela n’a pas toujours été facile. Mais, mon père a toujours su nous rendre heureux. Malgré toutes les difficultés, nous étions toujours contents. Je pense que mon père est beaucoup plus fière maintenant parce qu’il voit un de ses fils réussir sur le plan professionnel. A chaque fois que je retourne en Afrique du Sud, je veux toujours profiter de ces beaux moments-là avec mon père, mes petits frères et ma petite sœur.
L’accueil en France, le nouvel environnement. How was it ?
A l’arrivée en France, j’ai découvert un environnement différent. Il fallait recommencer à parler Français chaque jour contrairement en Afrique du Sud où c’était l’Anglais. Je devais vite m’adapter et transitionner entre le Français et l’anglais. Mais, tout s’est bien passé. L’environnement était différent. Les choses qui ont beaucoup plus changé, c’était la nourriture et climat. Vu que la nourriture africaine est différente de celle des Européens et qu’en hivers, il fait un peu plus froid ici. A par cela, je me suis vite adapté.
Jusqu’où Christian Ambadiang se voit-il ?
Pour l’instant, je me concentre beaucoup plus sur le présent. Et, le présent c’est avec le Castres Olympique. Je ne suis pas maitre de mon destin. Le Castres Olympique est un club ambitieux qui cherche beaucoup plus qu’un titre. Si je gagne un titre avec le Castres Olympique, ce serait bien.
Que gardez-vous du Cameroun ?
La première chose que je garde du Cameroun, c’est la qualité de la nourriture. La beauté du relief de mon pays aussi.
Quel regard sur le racisme ?
Le racisme n’a pas sa place dans la vie des sportifs. On entend parler de cela beaucoup dans le domaine du sport. Nous ne sommes plus dans les années d’esclavage. Cela ne devrait plus exister. Les gens qui continuent à le pratiquer ne veulent pas avancer dans leur vie. C’est juste triste d’entendre parler de racisme à chaque fois. J’ai eu le courage de vouloir dénoncer les actes de racisme et j’ai pu le faire. Car, c’est inacceptable !
Propos retranscrits par Junior NTEPPE KASSI
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