CHRISTIE BONGONGUI DOUMBE : « ÊTRE OFFICIEL TECHNIQUE D’ATHLḖTISME ET STARTER EST UNE MANIERE DE VIVRE »

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CHRISTIE BONGONGUI DOUMBE : « ÊTRE OFFICIEL TECHNIQUE D’ATHLḖTISME ET STARTER EST UNE MANIERE DE VIVRE »

Dans un entretien exclusif, la starter internationale de nationalité Camerounaise parle de sa carrière dans l’Athlétisme. Elle évoque également ses projets à venir.

Pourriez-vous nous parler de votre parcours personnel et de ce qui vous a amené à devenir Starter ?

Dès ma tendre enfance, je regardais à la télévision des meetings d’athlétisme avec mon papa. Plus tard, il m’a été possible de toucher du doigt ce sport en le pratiquant en sprint sur 100m et 200m durant deux de mes années de collège ; en classes de 5e et 4e. Une période particulière pour ma famille et moi. Je me voyais bien faire carrière dans l’athlétisme et pour cela, je m’entrainais au sein de l’établissement scolaire voisin du mien tous les jours après les cours et même le samedi matin. Lorsque ma famille et moi avons redéménagé pour le centre-ville, j’ai dû changer d’établissement scolaire. La distance entre mes nouveaux lieu d’entrainement, lycée et domicile devenue non négligeable couplée au temps de trajet et mon examen (BEPC) à présenter en fin d’année, il n’a plus été possible pour moi de continuer à m’entraîner. J’ai arrêté l’athlétisme en qualité d’athlète. Mais, je suis tout de même restée proche du milieu. Tant et si bien que, lorsque quelques années plus tard (1999) une formation d’officiel technique régional a été organisée j’y ai participé avec joie. Six années plus tard, en 2005, a été organisée la formation des officiels techniques nationaux reconnus par l’IAAF (aujourd’hui World Athletics); formation sanctionnée par mon diplôme d’Officiel Technique National. Ayant depuis toujours voulu donner les départs de courses, j’ai dès lors débuté ce pan sous la houlette de M. Hervé FULLER, l’actuel Directeur des compétitions de la Fédération camerounaise d’athlétisme, que je remercie infiniment et qui m’a fait l’honneur de me prendre en mains et de m’accompagner. En 2013, j’ai eu le privilège d’être la seule camerounaise sélectionnée par l’IAAF pour un stage de formation des Femmes Starters en Afrique Subsaharienne. Je m’envole donc pour Dakar au Sénégal, lieu de stage. Où, j’ai pris part à cette formation avec enthousiasme. Je reviens de mon séjour dakarois armée de mon Diplôme de Starter et vivement encouragée par tous les responsables du centre de formation de Dakar jumelés à ceux de la FCA, des félicitations du formateur (M. Alain SPIRA que je remercie pour la qualité de la formation reçue), ma famille et mes proches qui m’ont toujours soutenue. Depuis lors, j’exerce cette fonction avec tout l’amour et le dévouement que vous voyez aujourd’hui.

Crédit photo: @Didier Lefa et @Bakadal

Quelles sont les réalisations professionnelles dont vous êtes le plus fière et pourquoi ?

Personnellement, je parlerai plus de ‘’grâces’’ que de fierté. Et dans ce domaine, vous verrez qu’il y a un alignement de bénédictions au bout de tous les challenges que j’ai dû surmonter. Vous imaginez bien le niveau de concentration, de discipline et d’engagement qu’il me faut pour exercer mes fonctions. Ce que vous voyez moins c’est que j’évolue dans un milieu essentiellement masculin, que je suis la benjamine de ma promotion de plusieurs années … Malgré cela, j’ai réussi à m’imposer et à tirer mon épingle du jeu, au point d’être aujourd’hui cette modeste personne qui intéresse votre papier. Politique ‘’zéro recul’’. En avant toutes !

Au-delà de tout ceci, ma satisfaction n’est pas vraiment personnelle mais plutôt familiale. J’ai autour de moi un frère, deux sœurs et notre maman à tous, ainsi que quelques proches qui ne manquent pas une miette de mes efforts, de mon évolution. Ils sont juste formidables et je suis reconnaissante de les avoir dans ma vie ! J’ai pu lire dans leurs différents regards, dires et gestes une intense fierté lorsque j’ai donné les départs des 200m hepthalon, des demi-finales et finale des 1.500m dames aux derniers Championnats d’Afrique d’athlétisme Seniors, c’était à Douala en 2024. Ajoutez à cela les chaleureuses félicitations des Officiels Techniques Continentaux, ainsi que les encouragements sincères et appuyés de mon Responsable d’atelier M. SAMIH. Cet alignement de ‘’grâces’’ bout à bout me donne une impression de plénitude. Je me sens utile, sur la bonne voie et surtout, j’ai ce besoin constant de continuer à progresser et à cocher les cases restantes.

Crédit photo: @Didier Lefa et @Bakadal

Comment gérez-vous les défis dans votre travail et quelles stratégies utilisez-vous pour surmonter les obstacles ?

En dehors de l’athlétisme, j’ai une vie professionnelle ardente dans le domaine du QHSE. Je vous laisse deviner la rigueur, le courage, l’abnégation, la patience et la discipline nécessaires à ce monde-là. Dans l’athlétisme, la mesure est commune. Les besoins sont presque les mêmes, les obstacles aussi. En fait, dans le sport ou dans mon travail, tout doit être réglé comme du papier à musique. L’un et l’autre sont donc pour moi une continuité, avec une transition à peine perceptible. Pour moi, aucune frontière n’est perçue.

Qu’est-ce qui vous passionne dans le domaine de starter en Athlétisme et qu’est-ce qui vous motive quotidiennement ?

Quand vous devez tirer le dernier pénalty qui qualifie ou élimine votre pays d’une compétition, ou alors lorsque vous devez tirer le dernier lancer franc qui permettra la victoire de votre équipe, vous êtes envahi de stress, de doutes, de questions, d’appréhensions… Puis, vous vous auto-encouragez parce que vous n’avez pas le choix, vous devez le faire. Toutes ces émotions sont en fait le poids de la responsabilité qui martyrise vos épaules à ce moment-là. C’est exactement pareil avec ce pistolet que vous tenez en main, avec la particularité que votre geste engage peut-être plusieurs Nations et générations. Ces instants à la fois sucrés, salés et épicés produisent en moi une profonde passion pour ce que je fais. Littéralement, cela me donne des ailes.

Crédit photo: @Didier Lefa et @Bakadal

Comment votre travail a-t-il influencé ou contribué à votre communauté ou à votre secteur d’activité ?

Il y a quelques années, je regardais mes devanciers avec une forte admiration. Je me suis promise de faire comme eux, voire mieux, et je me suis donné les moyens pour y arriver. De même, je suis consciente que je suis perçue comme un exemple, un modèle, un point de départ pour plusieurs personnes, notamment les générations en devenir qui n’hésitent pas à m’approcher afin d’avoir des réponses à leurs questions, des orientations quant à leurs aspirations, de l’apaisement face à leurs inquiétudes … Je me considère donc comme une sorte de pionnière qui n’a pas droit à l’erreur.

D’autre part, ma communauté aujourd’hui considérable, ne tarit pas de commentaires valorisants, de conseils, de paroles et d’encouragement. Les différents statuts WhatsApp en disent long encore aujourd’hui. Cette influence autour de moi a créé un engouement et une volonté de prendre la relève. Je trouve cela très positif.

Comment parvenez-vous à équilibrer votre vie professionnelle et personnelle ? Quels sont vos hobbies ?

Mon engouement est demeuré intact malgré le temps qui passe. Généralement, ma hiérarchie est informée de la nécessité et de l’importance de mes fonctions d’Officiel Technique dans l’athlétisme. Il s’agit parfois de servir les couleurs de mon pays et cela revêt immédiatement un aspect solennel et national dont tout le monde réalise la portée. Il est donc naturel que je reçoive le soutien et l’accompagnement des uns et des autres autant que faire se peut. Il est souvent nécessaire, pour assister aux compétitions, d’effectuer des déplacements loin de ma ville de résidence et de travail. Tout est question d’organisation.

Quant aux hobbies, la lecture de bouquins, les voyages, la natation, le basketball que je pratique depuis des décennies sont une forte source d’épanouissement. Ces loisirs sont pour moi aussi incontournables que l’écrin familial qui me procure tout l’apaisement et le réconfort dont j’ai besoin dans mon quotidien.

Quels sont vos objectifs à long terme, et quels projets futurs vous enthousiasmeront le plus ?

En tant que Starter, j’aspire à participer à des séminaires et des formations de renforcement de capacités mais surtout de passage aux niveaux supérieurs de compétences et ainsi être conviée par la CAA, la World Athletics à des compétitions internationales en dehors de mon pays le Cameroun. Ceci, afin de porter haut notre drapeau national.

Avez-vous des mentors ou des modèles qui ont joué un rôle important dans votre carrière ?

Evidemment ! M. Michel NKOLO, actuel Président du Corps National des Officiels Techniques et Directeur Technique National par sa maîtrise du règlement et la qualité de ses formations. Il a été le premier sur le plan national à confirmer mon envie d’être Officiel d’athlétisme ; M. Hervé FULLER quant à lui a permis la pratique chevronnée de ma personne pour le départ des courses ; M. Charles KOUOH KOTTE, Secrétaire Général de la Fédération camerounaise d’athlétisme qui a toujours été une épaule solide. M. Alain SPIRA a été un formateur à nulle autre pareille. Je ne les remercierai jamais assez pour cela.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent suivre une carrière similaire à la vôtre ?

Être officiel technique d’athlétisme demande de la discipline, de la rigueur, du tact, de la patience, une volonté inébranlable de donner le meilleur de soi. Être starter demande en plus de cela de la sérénité et de la disponibilité. Mais au-delà de tout, il faut aimer cette discipline. Si vous cochez ces cases, n’hésitez pas et rejoignez-moi.

Crédit photo: @Didier Lefa et @Bakadal

Y a-t-il des leçons de vie ou des expériences que vous aimeriez partager et qui pourraient inspirer les autres ?

Viser la lune n’est pas prétentieux mais plutôt ambitieux. Si vous rêvez grand, battez-vous pour vos rêves et vous réaliserez ‘’grand’’. Les voix dissonantes ou décourageantes proviennent généralement des personnes qui expriment leurs propres limites et non les vôtres. Etre Officiel technique d’athlétisme et Starter est une manière de vivre.

Propos recueillis par Junior NTEPPE KASSI

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