YVES TSALA : « REPENSER LE BASKETBALL AU CAMEROUN ».      

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YVES TSALA : « REPENSER LE BASKETBALL AU CAMEROUN ».      

Dans un entretien exclusif, le Consultant FIBA Afrique parle de la saison 2024 du Basketball au Cameroun. Il évoque également l’environnement qui prévaut autour de la gestion de la Fédération Camerounaise de Basketball et jette un regard sur les échéances électorales à venir au sein de cette institution.

 Comment se porte le Président Yves Tsala ?

Je me porte très bien. Je vaque normalement à mes activités professionnelles et celles liées au Basketball. Après tant d’années passées dans le Basketball au Cameroun, je suis tout le temps sollicité pour des projets liés au développement de cette discipline sportive. Il y a notamment un projet de Camp de Basket qui aura lieu en 2025. Je travaille dessus avec un Camerounais qui réside en France. On a le projet baptisé : « Les pépites du Cameroun » avec Jean Eric Sende pour la version Basket qui vise à insérer au total 500 jeunes par le sport d’ici deux ans. Donc, on est aussi à fond dessus. Je m’occupe du pôle Lycée Bilingue d’Essos où il y a les jeunes de Yaoundé 4, 5 etc. Nous sommes en ce moment à la phase de sélection des bénéficiaires finaux aux projets. Maintenant, on a d’autres activités. Je suis notamment en contact avec la présidente du 3×3 Ligue Professionnelle Américaine. Avec elle, nous sommes aussi en train d’envisager un certain nombre d’activités dont la première sera un stage des entraineurs spécifique au 3×3 pour former des entraineurs sur ce pan du Basketball qui est devenu une discipline Olympique. Donc, voilà les activités les plus proches qui nous occupent.

Quel regard jeter vous sur la prestation de nos clubs et des sélections nationales engagés sur la scène nationale et internationale au cours de cette saison ?

Je voudrais vous dire d’entrée de jeu que nous sommes déçus de la prestation des clubs. Ça fait trois ans déjà que le représentant du Cameroun chez les Senior Messieurs n’arrive pas à accéder à la BAL. Donc, c’est un vrai problème. Les deux premières années, nous avons été à ce grand rendez-vous continental de la balle Orange. Et là, on n’y va plus. C’est un indicateur fort de notre performance qui vient de notre championnat. Cela veut dire qu’il faut poser un vrai diagnostic pour savoir ce qui se passe et vers où on peut aller pour que nos clubs redeviennent compétitifs et puissent renouer avec cette compétition. En gros, les prestations au niveau africain de nos clubs tant en Dames qu’en Messieurs sont assez mitigés. On doit poser un regard sur l’organisation et l’animation de notre Basketball local. Parce qu’on semble aller vers une baisse de la compétitivité et une faible attractivité aussi. Parce que la plupart de nos talents sont en train d’aller jouer dans d’autres pays. Ce qui fait en sorte que notre championnat local en prenne un coup. Tout ceci mène à des réflexions. Il faut vraiment passer vers le semi-professionnalisme. C’est aujourd’hui obligatoire. S’agissant des équipes nationales, à ce niveau, il y a un mieux. C’est tout simplement parce que les équipes nationales sont constituées essentiellement des joueuses et joueurs évoluant à l’étranger. Cela veut que nous même nous reconnaissions que notre championnat local n’est pas de qualité. On ne vaut que par nos joueuses et joueurs qui viennent de l’étranger. Mais de manière globale, le niveau est bon.

Président, vous avez introduit un recours auprès de la CCA du CNOSC après l’élection au sein de la Fecabasket. La CCA vous a donné raison. Ensuite, le Tribunal de Première Instance est allé dans le même sens. Jusqu’aujourd’hui, on se rend compte que le même exécutif est en place. Que se passe-t-il ?

Effectivement ! Il y a un gros problème à ce niveau. Plusieurs fois on a saisi les autorités et surtout le ministère en charge des Sports et de l’éducation physique parce que, je pense que le rôle principal du Minsep doit être de veiller à l’application des décisions de justice. La justice a fait son travail. Ce n’est pas à eux de venir sur le terrain en application de ces décisions. Donc, la tutelle doit veiller à le faire. On a saisi plusieurs fois la tutelle qui n’a pas réagi favorablement parce qu’on leur a bien expliqué que nous avions un vide juridique à ce niveau. Nos statuts ne prévoient pas de mécanismes transitoires et qu’en cas d’échec du processus électoral, on devait aller vers un comité transitoire mis de façon consensuelle de telle sorte que la transition soit gérée par ce comité. Et puis, qu’on puisse refaire les textes sereinement et aller vers une élection sincère et acceptée par tous. Malheureusement, ce message ne passe pas. On continue de laisser le bureau sortant gérer la transition, les équipes nationales et l’ensemble des activités alors que celui-ci n’a plus qualité pour le faire. Et, chaque fois, on dénonce cela. Il y a une Assemblée Générale qui a été convoquée par  eux. On a encore dénoncé cela. On nous dit que c’était pour réajuster quelques textes. Le ministère devait voir ce qu’il y a lieu de faire. Et puis, rien ! Nous avons l’impression qu’on leur demande de continuer. Ils planifient la saison à venir et tout cela est vraiment regrettable. Je crois que voilà des choses qui plombent notre mouvement sportif au moment où nous avons besoin de la réflexion de tous pour relancer notre basket qui a un énorme potentiel. On se retrouve encore dans des discussions. Il y a des équipes qui ne savent pas si elles vont jouer. Le milieu du basketball Camerounais est divisé. Vous pouvez le voir quand il y a des rencontres. Il y a une bonne partie de personnes qui ne viennent plus. Elles ont perdu tout envie de suivre notre Basket à cause de la façon dont notre fédération est gérée. Mais, vraisemblablement, cela ne fait ni chaud ni froid à la tutelle qui continue à donner honteusement son onction à ce bureau là et c’est tout à fait regrettable.

Tout ce cafouillage semble ne pas vous ébranler. Vous continuez à vous impliquer dans l’organisation des activités de Basketball. Est-ce que vous serrez candidat lors de la prochaine élection à la tête de la Fecabasket ?      

Oui ! De toutes les façons, nous avons un projet sur lequel nous travaillons. Maintenant, il s’agira de savoir sous quelle forme on va le faire avec mon équipe de travail. Nous avons des idées par rapport au développement du Basketball sur toutes les problématiques que nous avons posées au niveau du Basketball local. Vous voyez que ce n’est que 20 ans plus tard que nous avons participé à une CAN U-18. Et c’était la première chez les filles. On voit les résultats qui ont été produits. Cela fait depuis des années que nous plaidons pour cela. Quand vous voyez, 9 sur 12 des filles ayant pris part à la CAN U-18 viennent des programmes de développement que nous avons effectués ici dans la région du Centre depuis des années. Donc, le développement, c’est la base de tout. On a beaucoup d’idées pour le développement et on pense qu’on ne pourra pas y arriver sans une véritable politique de développement ce qui à mon sens n’est pas fait dans ce sens. On doit repenser le basketball Camerounais en faisant des réformes de fond. Je pense que l’équipe actuelle, malgré sa bonne volonté n’a pas eu l’habitude d’aller dans le fond des choses. Par contre, nous avons un projet révolutionnaire pour le Basketball Camerounais.

Par Junior NTEPPE KASSI

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